Il n'y a pas de mouvement dans le brouillard.
C'est une opacité dense qui n'a pas de direction.
Il y a des brouillards si épais que l'espace n'existe plus que sous la forme d'une
vive clarté blanche.
Ce n'est pas la lumière c'est blanc.

Dans le brouillard les couleurs disparaissent pour n'être plus que lueurs.
Gris devient dominante de la masse d'un nuage qui touche le sol,
et si l'on devine une forme, ce ne sont que les tourbillons d'un souffle léger, d'un
soupir mélancolique, d'une douce haleine qui font se mouvoir l'air chargé
d'humidité.

La distance est affectée par l'extinction des formes et du sens des choses.
On croit être proche, pouvoir toucher, s'appuyer sur un objet, sur un être
rassurant,
mais c'est le flou qui domine le mystère des fantômes qui nous hantent et qui
augmente à mesure que le brouillard nous absorbe.

On se sent recouvert d'un linceul, prisonnier d'une multitude de couches d'un lin
blanc qui épousent nos aspérités, qui se moulent sur notre corps et nous
ensevelissent dans une matière infiltrant tout notre être, nos poumons et notre
cerveau, nous faisant disparaître du monde avec la sensation épouvantable de
n'avoir jamais existé.